Deux villes…

La ville des Chanoines

Jules Borgnet nous rappelle que « Fosses était divisée en deux parties bien distinctes. La première en date, fortifiée par Notger, est ordinairement désignée sous les noms de Château ou Encloître et parfois aussi sous celui de Chapitre ; on pourrait l’appeler la ville des Chanoines. Elle comprenait le château proprement dit ou résidence de l’évêque, l’église collégiale, le cimetière et les maisons claustrales des chanoines, le tout renfermé dans une enceinte fortifiée. »

La ville des Bourgeois

Toujours selon Jules Borgnet, « La seconde partie de Fosses, qu’il appellera la ville des Bourgeois, comprenait le marché actuel et les rues al Val, al Froissin, de Vitrival, du Marché, du Postil, al Chenal, … Quatre portes s’ouvraient vers la campagne ». Cette ville est plus récente que la ville des Chanoines. Elle fut fortifiée au plutôt en 1149, par Henri de Leyen, ou plus probablement un siècle plus tard, quand Fosses vu ses privilèges confirmés et que la commune fut autorisée, par un acte de 1267, à ériger une halle dans l’enceinte de la ville.

Deux villes ennemies …

En 1302, à la suite de dissensions entre Bourgeois et Chapitre, les Fossois se révoltent pour la première fois. Ils obstruent la porte du Vestit, et empêchent ainsi les Chanoines de descendre dans leur ville. Le Prince-évêque intervient. Une émeute éclate et le prince manque d’y laisser la vie. Appelées à la rescousse, les milices des villes de Huy et Dinant sauvent le Prince-évêque, et pillent la ville des Bourgeois. Pour prix de leur révolte, les fossois doivent alors renoncer à leurs droits, mais aussi à fréquenter la Collégiale. Ils s’engagent – ce qu’ils ne feront jamais – à construire, à leur frais, une église paroissiale, dans leur propre ville, en dehors de la ville des Chanoines.

Réconciliation

Par le concordat de 1318, les fossois peuvent retourner à l’église du Chapitre, et y faire célébrer les offices par leur curé. Mais, renonçant à tout droit sur le cimetière entourant la Collégiale, ils doivent en établir un, à leurs frais, en dehors de la ville des Chanoines. Une porte est alors percée dans l’enceinte de la ville des Chanoines, près du clocher de la Collégiale. C’est par là qu’on transporte leurs défunts, de la Collégiale au cimetière communal. Aujourd’hui, nous dirions que, même imparfaitement, le Chapitre et le Marché communiquent enfin …

Deux alliés temporaires

Fosses se révolte encore et encore contre le Prince-évêque. La ville est détruite à plusieurs reprises. Pour la reconstruire, Chapitre et Commune doivent s’entendre. En 1434, les deux parties conviennent alors de désigner ensemble des gouverneurs chargés de percevoir les taxes. Le fruit de celles-ci doit servir, en premier lieu à relever l’enceinte de la ville des Chanoines. Quand cela sera terminé, et seulement à ce moment, on rétablit l’enceinte de la ville des Bourgeois. Mais, l’accord a une durée provisoire. Quand les travaux sont achevés, chacun reprend ses droits et pouvoirs.

Deux villes ennemies …

Les Chanoines prétextent que l’encloître n’est pas suffisamment fortifiée pour qu’ils s’y sentent en sécurité. En 1455, ils décident de se retirer à Hasselt, avec la châsse de Saint-Feuillen. A la requête des maîtres et conseils de Liège, Dinant et Thuin, les Bourgeois de Fosses s’engagent à réparer l’enceinte des Chanoines. Mais, ils s‘empressent de ne pas tenir leurs promesses. Dinant doit intervenir encore, puis encore …