Une réflexion sur l’avenir

Depuis bientôt dix ans une réflexion a été mise en place à Fosses sur le devenir de l’entité et aussi sur les perspectives et les moyens de lui assurer une évolution soucieuse à la fois du bien-être de ses habitants et d’un développement harmonieux de son environnement. Plusieurs constats étaient à la base de ce mouvement parmi lesquels une mutation inquiétante de la structure sociale du centre de Fosses (habitat, commerce, loisirs…) d’une part et un sentiment de ne pas voir suffisamment  mises en valeur les richesses de son passé d’autre part. Il y avait par ailleurs, issue sans aucun doute de ces constats, l’émergence d’une préoccupation citoyenne de participer à ces réflexions et au-delà à la revalorisation de la cité..

Participation citoyenne

Contrairement à ce qui avait constitué le contexte politique  à l’époque où se prenaient des décisions telles que la construction en 1895 d’un nouvel Hôtel de Ville, nos responsables politiques étaient devenus plus attentifs aux aspirations de la population. Cette dernière par le biais de deux commissions allait dorénavant être associée par les avis qu’on solliciterait auprès d’elles en vue de la réalisation de projets dont ceux qui concerneraient l’environnement urbain et rural. La Commission locale de développement rural (CLDR) d’une part et la Commission de rénovation urbaine (CRU) virent ainsi le jour.

Une trahison ?

Quand en 1895 fut inauguré le nouvel Hôtel de ville, il semble bien que, mises à part les festivités qui auront sans doute accompagné l’événement, son édification ne suscita guère d’émotions populaires. Les réseaux sociaux n’existaient pas et le concept de démocratie était encore on ne peut plus balbutiant. Il n’y eut personne pour s’élever contre ce qui était pourtant bien une dénaturation et une transformation du centre de Fosses. Cette construction en effet venait prendre la place d’un des derniers vestiges du passé médiéval de la ville, sa halle dont la construction plongeait ses origines dans l’histoire fossoise.

Chef d’œuvre en péril ?

L’hôtel de ville constitue-il une pièce maîtresse du patrimoine architectural de notre bonne ville ? Dans un ouvrage publié en 2004 à l’initiative de la Région wallonne, un collectif d’architectes et d’archéologues ont procédé à un inventaire du patrimoine immobilier des communes wallonnes. Fosses y occupait une place non négligeable et contrairement à nombre d’autres monuments de la ville, l’Hôtel de ville y était évoqué et évacué en quelques lignes : « Ce bâtiment néo-traditionnel de la fin du 19ème siècle impressionne par sa haute tour d’angle, ses façade-pignons, le portail d’entrée et son important perron. ». Bref un bâtiment plutôt imposant et davantage impressionnant par ses dimensions que par son esthétique.

La construction de l’Hôtel de ville

Quand les autorités communales décident de construire en cette dernière décennie du 19ème siècle un nouvel Hôtel de ville, on ne peut douter que l’ancienne Halle avait fait son temps et que les impératifs d’une bonne et confortable gestion communale avaient rendu cette dernière tout à fait obsolète. Ce sont les mêmes considérations qui un peu plus de cent ans plus tard justifieront la création de l’Espace Winson. Le choix du style de la nouvelle construction ne s’embarrassa guère de savoir ce qu’en pensait les habitants. C’étaient les Notables de l’époque qui tout naturellement adoptèrent l’architecture administrative à la mode. Cela donna ce « style néo-traditionnel » reflet des conceptions de ces temps de triomphe d’une bourgeoisie industrielle soucieuse de paraître et d’en imposer.

Un nouvel urbanisme

Cette construction qui donnera à la Place du Marché son aspect tel que nous le connaissons en réalité allait bouleverser le paysage urbanistique de Fosses. Elle érigeait entre les deux villes, celle des Chanoines et celle des Bourgeois, une barrière qui occulterait définitivement toute vue depuis le Marché vers le clocher de la collégiale. Était-ce une volonté délibérée dictée par l’anticléricalisme en vogue à l’époque ?  Peut-être mais la réalité faisait que la Place du Marché se retrouverait dorénavant étriquée et dominée par la construction monumentale nouvelle. Cette sensation serait accentuée une quarantaine d’année plus tard après l’édification du kiosque qui, selon les mots des rédacteurs de la somme recenseuse de la Région Wallonne, « monopolise une bonne partie de la Place ».

Que faire de l’ancien ?

Quand les services de l’administration communale se furent transportés sur le site de l’Espace Winson le temps fut à l’état des lieux. Les constatations n’étaient guère rassurantes avec en premier un étage dont l’accès avait déjà fait l’objet d’une condamnation de par les risques qu’il faisait encourir à ceux qui s’y aventureraient. Le bas pouvait encore servir et servit notamment pour des réunions ou l’une ou l’autre activité socio-culturelle mais c’était dans l’attente que soient achevés les travaux de construction de la Maison de la ruralité qui vient d’être inaugurée.