L’Hôtel de ville

Par tous les temps !

Au moyen-âge, le Conseil de la communauté, élu chaque année par les bourgeois, administre la ville.

Au 18ème siècle, Mayeur et échevins, désignés par le Prince-évêque pour le représenter, adressent une requête au Conseil : « Autrefois, nous avions une chambre scabinale qui nous était réservée ; aujourd’hui, nous devons nous réunir dans la salle des assemblées. Pendant l’hiver, nous n’avons pas même une bûche de bois pour vaquer des journées entières. […] il y a trois plaids, le lundi, le mercredi et le vendredi. […] Quand la maison de ville est occupée par une réunion du Conseil communal, les échevins sont obligés de demeurer en plein marché ne sachant où donner la teste ».

La halle d’antan

L’incivilité est de tous temps. En 1790, le Conseil communal – qui se réunissait à l’étage de la halle, appelé Hôtel de ville – se plaint « de l’incommodité et méséance que causent les immondices que quelques particuliers se présument [se permettent] de placer et réfugier indiscrettement dans la halle sous l’hôtel des villes » et ordonne de les faire évacuer.

Comme rien n’y fait, le 7 octobre 1792, « Messieurs authorisent les magistrats à fermer la halle avec des portes et fenêtres qui seront ouvertes et fermées tous les jours aux heures convenables ».

On en profite pour fixer au mardi et vendredi les jours de marché, qui se tiendra dans la halle.

La halle d’hier

Au budget de 1804, il apparaît que « la location du rez-de-chaussée de la maison commune », soit la halle, doit rapporter 20 francs, moins de 1 % des revenus communaux. La « chambre commune », l’administration communale, se trouvait à l’étage, ce qui explique l’expression fossoise « monter à l’hôtel de ville ».

Le concierge de la halle coûte 50 francs.

Commune et Justice de Paix : sur la même galère

Depuis 1796, la halle héberge normalement la justice de paix et l’administration communale.

Mais, les dépenses, prévues au budget communal de 1804, mentionnent « pour location et emplacement du tribunal de paix ». Ne pouvant plus héberger la justice de paix, la Commune doit, en effet, louer une pièce dans une autre demeure.

Le 20 décembre 1890, le Conseil note, au sujet des locaux de la maison commune, qu’ils « sont indignes d’un chef-lieu de canton, les murs menacent ruines et les archives du greffe et de l’administration Communale n’y sont même plus à l’abri des intempéries du temps ».

La Justice de Paix quitte définitivement les bâtiments communaux au début du 20ème siècle.

De quand date l’ancien hôtel de ville ?

Le 27 décembre 1889, le Conseil adopte à l’unanimité le budget 1890, vote un emprunt de 100.000 francs, et « alloue 105.000 fr. pour la construction d’un hôtel de ville ». Les recettes totales, emprunts inclus, s’élèvent alors à près de 270.000 francs. Le 11 avril 1890, ce même Conseil « autorise le Collège échevinal à faire les diligences nécessaires pour contracter un emprunt de 105.000 francs ». Le 3 juin 1890, il décide, toujours à l’unanimité, « que le nouvel Hôtel de ville sera édifié sur l’emplacement du local actuel, et que les emprises nécessaires seront faites afin de pouvoir lui donner les dimensions suffisantes pour faire face aux divers services publics qui y seront installés. »

Déclin et ruine de la halle

Le 20 décembre 1890, le Conseil modifie le budget de l’exercice 1891. A ce sujet, le Registre des délibérations note : « Les locaux de la justice de paix et de l’administration communale sont indignes d’un chef-lieu de canton, les murs menacent ruines et les archives du greffe et de l’administration Communale n’y sont même plus à l’abri des intempéries du temps » ; on porte 115.000 francs au lieu de 105.000 pour l’acquisition des maisons François et Destrée.

Hôtel de Ville : Ca bouge … enfin !

Après divers échanges en 1892, le Bourgmestre communique au Conseil, le 28 février 1893, l’Arrêté royal « autorisant l’acquisition et […] l’expropriation des maisons dont l’emplacement est nécessaire pour la construction d’un hôtel de ville et l’élargissement de la rue du Chapitre ». In fine, trois maisons seront expropriées, et leurs occupants indemnisés, dont coût de 21.845,95 francs.

Le 27 mai 1893, le Conseil approuve l’organisation d’un concours entre architectes, pour produire plans, devis et cahier des charges. Le jury comprend l’architecte provincial, le Juge de Paix et le Collège échevinal. Le Conseil essaie d’y adjoindre un architecte de Charleroi et un échevin de Saint-Gilles.

Hôtel de Ville : Sélection du projet

Quatre architectes concourent et, le 25 novembre 1893, « le Conseil […], déclare adopter le plan de Mr. Van Langendonck, à la condition toutefois qu’il supprime la pierre blanche et que les façades seront construites en briques imperméables ». En outre, il « décide qu’une somme de 65.000 francs » lui sera consacrée.

Le 1er avril 1894, « attendu que la construction d’un édifice […] pour la Justice de Paix et les bureaux de la Commune a été reconnu comme étant d’impérieuse nécessité ; les locaux actuels n’étant plus habitables et les archives du greffe et de l’administration communale n’y étant plus à l’abri des intempéries », le Conseil confirme son choix et les modalités de financement.

Hôtel de Ville : Adjudication et réalisation des travaux

Le 6 février 1895, juge que « la soumission du Sieur Emile Mastès, entrepreneur à Braine l’Alleud, s’élevant à […] 76.800 francs est le plus favorable », et lui adjuge les travaux.

Il y a quelques travaux supplémentaires, car on découvre un ruisseau traversant le sous-sol, on doit démolir un mur mitoyen, … dont le décompte final, approuvé le 5 mars 1897, s’élève à 3.565,10 francs.

Il reste alors à procéder à la réception du bâtiment et … à meubler la Justice de Paix, pour un coût de 16.698,20 francs, estimé le 12 octobre 1897, à réaliser les travaux de peinture – dont le Conseil débat encore le … 28 novembre 1899 – pour la Justice de Paix.

Les kiosques

Les trois kiosques

Si on connaît la date de création de nos sociétés de musique, on ignore à partir de quand elles se sont présentées sur un kiosque. Mais, en 1884, le Collège « décide qu’il y aura trois Kiosques au Festival […] et qu’ils seront placés à la Briqueterie, sur la grand place et aux 4 Bras. La Réunion des sociétés se fera faubourg de Lège ». En effet, on invite des sociétés extérieures notamment pour ce festival. En 1900, il y a 21 sociétés – avec 695 exécutants – au programme. Le cortège démarre de la place de la Gare, pour se répartir sur trois kiosques – sans doute loués – montés à Lège, à la Briqueterie et aux Quatre-Bras. Il n’y a rien sur la place du Marché.

Le kiosque démontable en bois de 1903

En 1903, Fosses veut acquérir son propre kiosque à musique. Le 4 juin, « le Collège charge Mr Procet d’élaborer les plans relatifs à la construction d’un kiosque démontable, en bois, pouvant abriter 75 musiciens environ ». Le 7 août, l’adjudication est approuvée au bénéfice d’entrepreneurs fossois, à la somme de près de 2.000 francs, pour un budget initial de 1.500 francs, et un devis estimatif de 1.800 francs.

Avec le temps, il se détériore. En 1934, Le Messager de Fosses écrit à son sujet « on a “rafistolé ” un peu le fond … et le toit a disparu. […] pluie, soleil et vent, […] se chargent de faire sentir leur morsure quotidienne, laquelle sans aucun doute abîme ce “monument  ».

Les chinels ont-ils toujours dansé sur le kiosque ?

Le kiosque, démontable, en bois, de 1903, est remisé dans les sous-sols de l’Hôtel de ville, à l’abri des intempéries hivernales, normalement après la fête de Fosses, entre octobre et décembre. On le remonte sur la place du Marché, en principe, juste avant la fête de Sainte-Brigide, à la fin avril, mais parfois en mars ou en juillet. Il est remplacé, en 1937, par un kiosque permanent. Et, il finit sa vie, remisé dans une grange du Moulin du Joncquoy, alors utilisée, comme arsenal des pompiers.

Nous pouvons donc faire un sort à cette légende urbaine, selon laquelle les Chinels ont toujours dansé sur le kiosque. Jusque 1937, il y avait rarement un kiosque sur la place du Marché, à la Laetare …

Les riverains de la place du Marché et le kiosque

En 1936, le kiosque de 1903 est en piteux état. Les édiles doivent décider de le réparer, ou d’en acheter un neuf, démontable ou fixe … Une enquête d’opinions, menée par le Commissaire de Police auprès des chefs de ménage habitant la place du Marché, montre que « les avis sont partagés ».

Le 9 mai 1937, Le Messager de Fosses, rappelle au Collège minoritaire socialiste « que bien des personnes nous ont déclaré qu’étant donné l’exiguïté de la place du Marché, que ce serait gâter cette place que d’installer un kiosque permanent ». Le journal demande « que cette question soit approfondie ou tout au moins examinée pour l’emplacement éventuel sur cette place, pendant qu’il est encore temps ».

Madame Delmotte : Deus ex-machina

1936, 1937, … les mois passent, les élus hésitent et aucune décision n’est prise au sujet du kiosque de 1903.

Surgit alors Mme Delmotte qui fait un nouveau don : un kiosque permanent en béton. Elle impose aussi son emplacement, le calendrier et les festivités de son inauguration ! Ce que maîtresse-femme veut, les élus le veulent. Le 4 mai 1937, le Conseil « à l’unanimité, accepte le don de Mme Delmotte et décide de lui adresser les vifs remerciements de l’Assemblée ». Cela vaudra aux conseillers … d’être invités à l’inauguration.

Mais, il n’y a aucune mention, dans les archives, d’un quelconque avis de l’urbanisme, d’un examen des plans, d’une réception des travaux … Etrange, n’est-il pas !

Kiosque permanent. Problèmes permanents !

17 octobre 1937 : inauguration du kiosque.

24 janvier 1938 : le Collège minoritaire socialiste écrit à l’architecte, « pour lui faire connaître l’état du plafond du kiosque », cette situation provenant « d’un défaut de construction de la toiture ».

7 novembre 1938 : le Collège écrit de nouveau à l’architecte « pour lui signaler que le plafond du Kiosque est encore envahi par l’humidité ».

13 juillet 1945 : le Collège ordonne la réfection de la toiture du kiosque, effectuée dans l’urgence, sans attendre l’avis des services provinciaux, sans doute un peu désorganisés dans l’immédiat après-guerre.

5 février 2020, … L’histoire du sparadrap du Capitaine Haddock ?

Les sociétés de musique

Fosses rayonne par ses musiques !

Les sociétés de musique donnent des concerts un peu partout : dans leur local, surtout pour leurs membres – pour leur banquet annuel ou pour fêter Sainte-Cécile – mais aussi sur les différentes places de la ville, Briqueterie, Quatre-Bras, Lège et occasionnellement place du Marché. Elles participent à divers cortèges, comme celui de la Laetare en 1866. Elles animent les kermesses des quartiers et hameaux (Bambois, Saint-Roch, …). Elles répondent aux invitations des communes voisines. Le rythme est soutenu. Ainsi le 7 août 1932, l’Harmonie donne un concert à Ermeton dans l’après-midi, et un autre, à Mettet, en soirée. Parfois, la destination est plus lointaine, comme Bruxelles, en 1862.

Le festival oublié

En 1857, pour la fête de Fosses, le Conseil communal donne, « un festival auquel seront invitées les sociétés d’harmonie, de fanfares et de chant d’ensemble ». En 1860, « considérant que [la Philharmonique] se compose de membres appartenant principalement à la classe ouvrière, qu’elle se trouve sans ressources », la Commune et la province subsidient le Festival. Aujourd’hui oubliée, ce Festival devient sans doute annuel, durant quelques décennies. La Commune, la Jeunesse et la Philharmonique sont, tour à tour, à la manœuvre. C’est là un des moyens de politique sociale des libéraux du 19ème siècle : les indigents et classes ouvrières ont ainsi accès à la culture musicale.

Musique : c’est la crise !

Le krach boursier de 1929 se transforme en crise financière puis économique. En Belgique, les faillites se multiplient. Le chômage augmente. Les salaires diminuent.

En 1932, le « Messager de Fosses », alors journal catholique conservateur, recommande, si non l’annulation des fêtes communales, en tout cas, une limitation des dépenses, afin de tenir compte des difficultés économiques et sociales. A cette fin, le journal écrit : « […] aux fêtes communales de Fosses, on nous inonde volontiers de quatre ou cinq concerts qui grèvent fortement les budgets. Ne pourrait-on se contenter des deux sociétés locales qui peuvent satisfaire à ces exigences. […] ».

Les crises ciblent toujours la culture !

Dans les pas des chanoines

Les chanoines du 17ème siècle

Quand le monastère des Scots devient chapitre collégial, les règles imposées aux moines s’assouplissent. Dès la seconde moitié du 11ème siècle, les chanoines fossois semblent abandonner la vie commune. Puis, ils ignorent l’obligation de résider à Fosses, d’assister aux offices, … Pire, les enquêtes diligentées par deux nonces apostoliques, en 1613, et en 1628, nous dépeignent des chanoines tenant boutique, fréquentant les cabarets, jouant aux cartes, allant à la chasse, s’enivrant et se querellant. Le doyen vit alors maritalement avec une parente. Un autre a des enfants adultérins.

A cette époque, loin de la foi et de la prière, le canonicat à Fosses est plus une carrière qu’une vocation !

La vie spirituelle des chanoines du 18ème siècle

Au 18ème siècle, le Chapitre ne dispose pas de bibliothèque commune. Le nombre de livres des différents chanoines est réduit. Certains n’ont même pas une bible. Un seul chanoine a un clavecin, mais n’a pas de partition. Un autre possède quelques manuscrits de plain-chant. C’est tout …

Souvent absents aux réunions du Chapitre, les chanoines ne semblent plus être indignes, même si l’un d’entre eux a un enfant naturel, et si d’autres sont encore impliqués dans des actes violents.

« Bornons-nous à voir en eux des célibataires vivant à l’aise dans un étroit milieu provincial, oisifs et peu intéressés par la vie de l’esprit, se préoccupant plus des affaires terrestres que de l’au-delà … ».

Dans les pas des Prince-évêques

Les abords de la collégiale Saint-Feuillen conservent les traces de deux Prince-évêques.

Dans la ville des Chanoines, place du Chapitre, le presbytère, construction sans doute du 17ème siècle, conserve une trace des plus intéressantes. Encastrée dans un mur de l’édifice, se trouve une pierre commémorative de Ferdinand de Bavière (1612-1650). Taillé dans la pierre et d’une largeur de 58 cm, le bloc porte une inscription en latin et la date de 1612.

Dans la ville des Bourgeois, sur la place du Marché, se trouve un ancien moulin jadis desservi par un bief. Un cartouche portant le millésime de 1551 et le blason de Georges d’Autriche (1544-1557) a été replacé sur la façade du bâtiment.

Maison du Doyen

Les chanoines vivaient dans des maisons particulières, dans la ville des Chanoines. La maison dite du Doyen était la résidence des doyens du chapitre collégial. Elle fut probablement restaurée en 1622 par Noël de Résimont. Elle est située au fond d’une cour, adossée au rempart de la ville du 12ème siècle et à la tour Blanmont, qui faisait partie de ces remparts.

Classée comme monument le 15 mai 1964, la bâtisse est traditionnelle, élevée en briques et pierre bleue. On y accède par un porche reconstruit au 18ème siècle.

Cadre de vie des Chanoines du 18ème siècle

Au 18ème siècle, le Chanoine Jean-François Bailly, écolâtre, a deux servantes et un valet. C’est le double de la plupart de ses confrères. Sa maison est la plus grande, « avec ses trois pièces en bas, deux en haut, la cuisinette en plus de la cuisine, les trois cabinets et le ‘trou aux pommes’ servant à entreposer le linge sale ». Il a une cave à vin. Les autres chanoines jouissent de maisons claustrales, à titre viager, dont ils disposent de l’usufruit au profit de leurs héritiers, qui le plus souvent le revendent à un autre chanoine. Mais certaines de ces demeures sont dans un triste état. Les chanoines les plus démunis louent alors une chambre chez un confrère, ou chez un bourgeois.

Une halle en 1267

En 974, le Prince-Evêque Notger obtient le droit d’établir à Fosses un marché franc, là où on ne paie pas de droit pour vendre. Le but est de stimuler le commerce, profitable notamment aux bourgeois. Dès l’élévation des reliques de St-Feuillen, par l’évêque Henri de Verdun, en 1086, le nombre de pèlerins croît. C’est tout profit pour le commerce. Si la concurrence sévit avec d’autres villes, elles aussi sanctuaires de saints, la ville se développe. Elle connaît ainsi une période faste aux 12e et 13e siècles. Elle doit adapter son infrastructure commerciale.

Et, en 1267, la ville conclut un accord avec l’évêque Henri de Gueldre, pour construite une halle dans l’enceinte communale de Fosses.

C’est quoi une halle ?

Une halle est un lieu public couvert, où se tient un marché. En l’absence d’un bâtiment dédié – et ce fut le cas à Fosses – la halle tient lieu de maison commune servant aux réunions municipales. Cette halle devient donc l’hôtel de ville de l’époque.

Mieux, c’est un site multifonctionnel. Le greffier J.-B. Billy, en 1727, nous dit que la halle abrite les archives, les bals, les représentations de marionnettes ou de théâtre (en 1745, le mayeur Melchior Bailly met en scène une pièce de Molière à l’occasion du carnaval), … au point que les échevins y trouvent difficilement place, et que les archives s’y dégradent.

Deux villes…

La ville des Chanoines

Jules Borgnet nous rappelle que « Fosses était divisée en deux parties bien distinctes. La première en date, fortifiée par Notger, est ordinairement désignée sous les noms de Château ou Encloître et parfois aussi sous celui de Chapitre ; on pourrait l’appeler la ville des Chanoines. Elle comprenait le château proprement dit ou résidence de l’évêque, l’église collégiale, le cimetière et les maisons claustrales des chanoines, le tout renfermé dans une enceinte fortifiée. »

La ville des Bourgeois

Toujours selon Jules Borgnet, « La seconde partie de Fosses, qu’il appellera la ville des Bourgeois, comprenait le marché actuel et les rues al Val, al Froissin, de Vitrival, du Marché, du Postil, al Chenal, … Quatre portes s’ouvraient vers la campagne ». Cette ville est plus récente que la ville des Chanoines. Elle fut fortifiée au plutôt en 1149, par Henri de Leyen, ou plus probablement un siècle plus tard, quand Fosses vu ses privilèges confirmés et que la commune fut autorisée, par un acte de 1267, à ériger une halle dans l’enceinte de la ville.

Deux villes ennemies …

En 1302, à la suite de dissensions entre Bourgeois et Chapitre, les Fossois se révoltent pour la première fois. Ils obstruent la porte du Vestit, et empêchent ainsi les Chanoines de descendre dans leur ville. Le Prince-évêque intervient. Une émeute éclate et le prince manque d’y laisser la vie. Appelées à la rescousse, les milices des villes de Huy et Dinant sauvent le Prince-évêque, et pillent la ville des Bourgeois. Pour prix de leur révolte, les fossois doivent alors renoncer à leurs droits, mais aussi à fréquenter la Collégiale. Ils s’engagent – ce qu’ils ne feront jamais – à construire, à leur frais, une église paroissiale, dans leur propre ville, en dehors de la ville des Chanoines.

Réconciliation

Par le concordat de 1318, les fossois peuvent retourner à l’église du Chapitre, et y faire célébrer les offices par leur curé. Mais, renonçant à tout droit sur le cimetière entourant la Collégiale, ils doivent en établir un, à leurs frais, en dehors de la ville des Chanoines. Une porte est alors percée dans l’enceinte de la ville des Chanoines, près du clocher de la Collégiale. C’est par là qu’on transporte leurs défunts, de la Collégiale au cimetière communal. Aujourd’hui, nous dirions que, même imparfaitement, le Chapitre et le Marché communiquent enfin …

Deux alliés temporaires

Fosses se révolte encore et encore contre le Prince-évêque. La ville est détruite à plusieurs reprises. Pour la reconstruire, Chapitre et Commune doivent s’entendre. En 1434, les deux parties conviennent alors de désigner ensemble des gouverneurs chargés de percevoir les taxes. Le fruit de celles-ci doit servir, en premier lieu à relever l’enceinte de la ville des Chanoines. Quand cela sera terminé, et seulement à ce moment, on rétablit l’enceinte de la ville des Bourgeois. Mais, l’accord a une durée provisoire. Quand les travaux sont achevés, chacun reprend ses droits et pouvoirs.

Deux villes ennemies …

Les Chanoines prétextent que l’encloître n’est pas suffisamment fortifiée pour qu’ils s’y sentent en sécurité. En 1455, ils décident de se retirer à Hasselt, avec la châsse de Saint-Feuillen. A la requête des maîtres et conseils de Liège, Dinant et Thuin, les Bourgeois de Fosses s’engagent à réparer l’enceinte des Chanoines. Mais, ils s‘empressent de ne pas tenir leurs promesses. Dinant doit intervenir encore, puis encore …