Les kiosques

Les trois kiosques

Si on connaît la date de création de nos sociétés de musique, on ignore à partir de quand elles se sont présentées sur un kiosque. Mais, en 1884, le Collège « décide qu’il y aura trois Kiosques au Festival […] et qu’ils seront placés à la Briqueterie, sur la grand place et aux 4 Bras. La Réunion des sociétés se fera faubourg de Lège ». En effet, on invite des sociétés extérieures notamment pour ce festival. En 1900, il y a 21 sociétés – avec 695 exécutants – au programme. Le cortège démarre de la place de la Gare, pour se répartir sur trois kiosques – sans doute loués – montés à Lège, à la Briqueterie et aux Quatre-Bras. Il n’y a rien sur la place du Marché.

Le kiosque démontable en bois de 1903

En 1903, Fosses veut acquérir son propre kiosque à musique. Le 4 juin, « le Collège charge Mr Procet d’élaborer les plans relatifs à la construction d’un kiosque démontable, en bois, pouvant abriter 75 musiciens environ ». Le 7 août, l’adjudication est approuvée au bénéfice d’entrepreneurs fossois, à la somme de près de 2.000 francs, pour un budget initial de 1.500 francs, et un devis estimatif de 1.800 francs.

Avec le temps, il se détériore. En 1934, Le Messager de Fosses écrit à son sujet « on a “rafistolé ” un peu le fond … et le toit a disparu. […] pluie, soleil et vent, […] se chargent de faire sentir leur morsure quotidienne, laquelle sans aucun doute abîme ce “monument  ».

Les chinels ont-ils toujours dansé sur le kiosque ?

Le kiosque, démontable, en bois, de 1903, est remisé dans les sous-sols de l’Hôtel de ville, à l’abri des intempéries hivernales, normalement après la fête de Fosses, entre octobre et décembre. On le remonte sur la place du Marché, en principe, juste avant la fête de Sainte-Brigide, à la fin avril, mais parfois en mars ou en juillet. Il est remplacé, en 1937, par un kiosque permanent. Et, il finit sa vie, remisé dans une grange du Moulin du Joncquoy, alors utilisée, comme arsenal des pompiers.

Nous pouvons donc faire un sort à cette légende urbaine, selon laquelle les Chinels ont toujours dansé sur le kiosque. Jusque 1937, il y avait rarement un kiosque sur la place du Marché, à la Laetare …

Les riverains de la place du Marché et le kiosque

En 1936, le kiosque de 1903 est en piteux état. Les édiles doivent décider de le réparer, ou d’en acheter un neuf, démontable ou fixe … Une enquête d’opinions, menée par le Commissaire de Police auprès des chefs de ménage habitant la place du Marché, montre que « les avis sont partagés ».

Le 9 mai 1937, Le Messager de Fosses, rappelle au Collège minoritaire socialiste « que bien des personnes nous ont déclaré qu’étant donné l’exiguïté de la place du Marché, que ce serait gâter cette place que d’installer un kiosque permanent ». Le journal demande « que cette question soit approfondie ou tout au moins examinée pour l’emplacement éventuel sur cette place, pendant qu’il est encore temps ».

Madame Delmotte : Deus ex-machina

1936, 1937, … les mois passent, les élus hésitent et aucune décision n’est prise au sujet du kiosque de 1903.

Surgit alors Mme Delmotte qui fait un nouveau don : un kiosque permanent en béton. Elle impose aussi son emplacement, le calendrier et les festivités de son inauguration ! Ce que maîtresse-femme veut, les élus le veulent. Le 4 mai 1937, le Conseil « à l’unanimité, accepte le don de Mme Delmotte et décide de lui adresser les vifs remerciements de l’Assemblée ». Cela vaudra aux conseillers … d’être invités à l’inauguration.

Mais, il n’y a aucune mention, dans les archives, d’un quelconque avis de l’urbanisme, d’un examen des plans, d’une réception des travaux … Etrange, n’est-il pas !

Kiosque permanent. Problèmes permanents !

17 octobre 1937 : inauguration du kiosque.

24 janvier 1938 : le Collège minoritaire socialiste écrit à l’architecte, « pour lui faire connaître l’état du plafond du kiosque », cette situation provenant « d’un défaut de construction de la toiture ».

7 novembre 1938 : le Collège écrit de nouveau à l’architecte « pour lui signaler que le plafond du Kiosque est encore envahi par l’humidité ».

13 juillet 1945 : le Collège ordonne la réfection de la toiture du kiosque, effectuée dans l’urgence, sans attendre l’avis des services provinciaux, sans doute un peu désorganisés dans l’immédiat après-guerre.

5 février 2020, … L’histoire du sparadrap du Capitaine Haddock ?